Observatoire du Genre et de l'Environnement au Cameroun : l’autonomisation des femmes à travers la régénération des forêts et l'agroforesterie
ENTRETIEN AVEC SEVIDZEM ERNESTINE LEIKEKI, MEMBRE FONDATEUR ET PRÉSIDENTE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE CAMEROON GENDER AND ENVIRONMENT WATCH (CAMGEW)
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Photo courtesy of Sevidzem Ernestine Leikeki
Sevidzem Ernestine Leikeki est membre fondatrice et présidente du conseil d'administration du CAMGEW. Elle est une passionnée de l'égalité des sexes et dirige les travaux d'autonomisation des femmes. Le CAMGEW est une organisation communautaire qui travaille sur la régénération forestière et l'agroforesterie pour assurer des moyens de subsistance durables dans la région de la forêt de Kilum-Ijim, dans le nord-ouest du Cameroun. Le CAMGEW, partenaire de BES-Net, a reçu le Prix Équateur en 2019, qui honore les efforts communautaires exceptionnels pour réduire la pauvreté par la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité.
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Sevidzem Ernestine Leikeki est membre fondatrice et présidente du conseil d'administration du CAMGEW. Elle est une passionnée de l'égalité des sexes et dirige les travaux d'autonomisation des femmes. Le CAMGEW est une organisation communautaire qui travaille sur la régénération forestière et l'agroforesterie pour assurer des moyens de subsistance durables dans la région de la forêt de Kilum-Ijim, dans le nord-ouest du Cameroun. Le CAMGEW, partenaire de BES-Net, a reçu le Prix Équateur en 2019, qui honore les efforts communautaires exceptionnels pour réduire la pauvreté par la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité.
Qu'est-ce que l'Observatoire camerounais du genre et de l'environnement (CAMGEW), comment a-t-il vu le jour et quel impact votre travail a-t-il eu?
Depuis sa création en 2007, le CAMGEW travaille sur la protection de l'environnement tout en impliquant de manière significative les communautés locales, en particulier les femmes et les jeunes. Nous estimons que les activités de régénération des forêts vont de pair avec l'autonomisation des femmes et l'éducation à l’environnement.
La forêt joue un rôle essentiel dans le maintien de notre mode de vie. Nos activités quotidiennes sont entièrement tributaires de la santé de cet écosystème. Si la forêt est en danger, notre communauté en subit directement les conséquences néfastes. C'est pourquoi, au sein du CAMGEW, nous accordons une importance capitale à la préservation durable de la forêt de Kilum-Ijim, en mettant en place des pratiques de régénération forestière et d'agroforesterie. En initiant des projets de plantation d'arbres, nous avons pu mobiliser les membres de notre communauté pour se lancer dans l'apiculture, ce qui a créé de nombreux emplois et une source de revenus vitale pour de nombreuses familles. Aujourd'hui, notre communauté considère la forêt comme une ressource inestimable à protéger, et l'agroforesterie se présente comme une solution à la fois bénéfique sur les plans économique et environnemental pour la communauté de la forêt de Kilum-Ijim.
Jusqu'en 2021, nous avons planté plus de 104 446 arbres pour améliorer les conditions de vie des communautés de la forêt de Kilum-Ijim. Nous avons formé plus de 800 agriculteurs aux techniques d'agroforesterie pour la conservation des sols et une production agricole durable.
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En quoi le travail de régénération forestière du CAMGEW permet-il d'autonomiser les femmes de la communauté ?
Avec mon expérience acquise dans la région de la forêt de Kilum-Ijim, j'ai pris conscience qu'il était préférable de confier la gestion de la conservation des forêts aux communautés locales. Aussi, cette prise de conscience a mis en évidence les rapports de pouvoir prédominants au sein de ces communautés, qui sont encore largement influencées par le patriarcat. C'est pourquoi il est d'une importance capitale de donner voix aux femmes à l'échelle locale, nationale et mondiale. Le CAMGEW et moi-même nous sommes engagés dans cette mission.
Les femmes et les jeunes jouent un rôle essentiel dans le développement, mais leurs droits à l'éducation, à la propriété et à la gestion des ressources naturelles doivent encore être protégés.
Lorsqu'il s'agit de promouvoir une gestion durable de la forêt, nous nous appuyons fréquemment sur l’ensemble des connaissances et des pratiques détenues par les femmes. Les femmes et les jeunes jouent un rôle essentiel dans le développement, mais leurs droits à l'éducation, à la propriété et à la gestion des ressources naturelles doivent encore être protégés.
Quel impact votre travail a-t-il eu sur les femmes des communautés de la forêt de Kilum-Ijim, et qu'est-ce qui reste à faire ?
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Nous avons permis l’intégration de plus de 2 000 femmes et filles dans les projets de développement de pépinières d'arbres et d'apiculture. Historiquement, ces activités étaient considérées comme exclusivement réservées aux hommes, ce qui a nécessité des efforts considérables pour instaurer un changement de comportement et accroître la sensibilisation.
Les femmes rurales jouent un rôle essentiel dans la culture de la terre, le labourage du sol et la gestion des exploitations agricoles. Leurs moyens de subsistance dépend souvent de la disponibilité et de la qualité des ressources naturelles. Par conséquent, elles sont particulièrement vulnérables aux conséquences du changement climatique et de la perte de biodiversité, et leurs voix sont rarement prises en compte lors des prises de décision. Notre ambition est de relever le défi persistant de l'inégalité d'accès aux connaissances et à la propriété des ressources naturelles au sein du CAMGEW.
Ces dernières années, votre travail de plaidoyer a obtenu une reconnaissance internationale significative, témoignée par diverses réalisations. En 2019, le CAMGEW a remporté le Prix Gender Just Climate Solution et a également été honoré en recevant le Prix Équateur. En 2020, vous avez été reconnu comme l'un des 100 meilleurs jeunes leaders africains de la conservation. Votre influence s'est également étendue à des événements de grande envergure, tels que votre participation en tant que conférencier lors de la COP26. En 2021, vous avez été inclus dans la prestigieuse liste des 100 femmes de la BBC. Pourrions-nous en savoir plus sur ce qui vous inspire et motive dans votre travail, ainsi que sur votre engagement continu à promouvoir les droits des femmes ?
Je crois en la transformation des rôles de genre, à l’autonomisation des jeunes et à la préservation de la nature. Ces trois éléments s'inscrivent harmonieusement dans mon parcours éducatif. Durant mon enfance, il était peu courant que les familles investissent dans l'éducation des filles. Cependant, mes parents ont fait exception à cette norme et je leur suis profondément reconnaissante. Leur confiance en moi constitue ma plus grande source d'inspiration pour redonner à ma communauté et encourager l'autonomisation des filles et des femmes afin qu'elles deviennent des actrices du changement. En effet, c'est ma façon de rendre à ma famille ce qu'elle m'a offert : cet amour et cette confiance inconditionnels.
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