Mise en Lumière des Visions du Monde et de la Voix des Peuples Autochtones Africains lors du Trialogue Régional de BES-Net pour l'Afrique de l’Ouest et Centrale
par le BES-Net ILK Support Unit à l'UNESCO


Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
« Le travail de BES-Net, c'est de faire se rencontrer les différentes voix, de comprendre la nature et notre relation avec la nature. Il y a plusieurs savoirs techniques et spécifiques, mais aussi diverses valeurs et systèmes de gouvernance ; ici, la relation entre l'esprit et la nature s'ajoute dans la question de durabilité. »

Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
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« Le travail de BES-Net, c'est de faire se rencontrer les différentes voix, de comprendre la nature et notre relation avec la nature. Il y a plusieurs savoirs techniques et spécifiques, mais aussi diverses valeurs et systèmes de gouvernance ; ici, la relation entre l'esprit et la nature s'ajoute dans la question de durabilité. »

Le Trialogue régional pour l'Afrique de l'Ouest et centrale, qui s'est tenu du 11 au 13 juin à Abidjan, en Côte d'Ivoire, est le cinquième organisé par BES-Net à l’échelle globale, et le second sur le continent africain. Cet événement s’est articulé autour d’objectifs précis et multipartites : contextualiser les connaissances, aborder les questions des espèces exotiques envahissantes et de l'utilisation durable des espèces sauvages pour renforcer la sécurité alimentaire et le bien-être humain, analyser les défis de la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, mettre en lumière et célébrer des études de cas réussies, et co-créer des solutions innovantes et concrètes, spécifiques à chaque pays, en s'appuyant sur des systèmes de savoirs divers.

Le Trialogue régional s'est concentré sur le développement des solutions inclusives pour favoriser l'utilisation durable des espèces sauvages et le contrôle des espèces exotiques envahissantes, inspiré par les récentes évaluations thématiques de la Plateforme intergouvernementale Scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, 2022 & IPBES, 2023). Des participants du Bénin, de la Côte d'Ivoire, de la République démocratique du Congo, du Gabon, du Sénégal et du Togo se sont réunis autour de la même table partagée par des politiciens, des chercheurs et scientifiques ainsi que des membres du secteur privé, trav aillant ensemble pour faire émerger une synergie d’actions.
Comme l’a précisé Nigel Crawhall, lors de la conférence d’ouverture, face à la diversité et à la pluralité des enjeux, le Trialogue mené par BES-Net entend répondre à la question centrale qui motive la rencontre des parties : « comment marier cette échelle très spécifique des terrains locaux avec l'échelle de la politique nationale, ainsi que pour l'ONU à l'échelle mondiale, afin d'assurer la stabilité de la planète et de notre capacité de bien gérer les écosystèmes ? » Tout en prenant en compte les différentes réalités vécues de relations à la nature.
Durant cet événement, les représentants des peuples autochtones et communautés locales ont eu l’occasion de prendre la parole, exprimant leurs perspectives sur les enjeux relatifs à la biodiversité locale, à la gestion des ressources naturelles et aux impacts des espèces exotiques envahissantes. Parmi les discussions, certaines thématiques et enjeux ont émergé comme prépondérants : l’interconnexion entre la diversité culturelle et biologique, ainsi que la synergie entre ce que la science dite conventionnelle, les savoirs locaux et autochtones, et les communautés de praticiens.
Deux interviews ont notamment été réalisées par Radio Génération -première radio ivoirienne 100% développement durable-, interrogeant Ambroise N'Koh, agriculteur champion mettant en œuvre l'agroforesterie cacaoyère en Côte d'Ivoire, et Apollinaire Oussou Lio, Président de Grabe Bénin, sur ces thématiques. Nous vous proposons ici une courte rétrospective instructive, offrant un aperçu de ces échanges pour vous mettre au cœur de ce Trialogue.

Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO

Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
Durant cet événement, les représentants des peuples autochtones et communautés locales ont eu l’occasion de prendre la parole, exprimant leurs perspectives sur les enjeux relatifs à la biodiversité locale, à la gestion des ressources naturelles et aux impacts des espèces exotiques envahissantes. Parmi les discussions, certaines thématiques et enjeux ont émergé comme prépondérants : l’interconnexion entre la diversité culturelle et biologique, ainsi que la synergie entre ce que la science dite conventionnelle, les savoirs locaux et autochtones, et les communautés de praticiens.
Deux interviews ont notamment été réalisées par Radio Génération -première radio ivoirienne 100% développement durable-, interrogeant Ambroise N'Koh, agriculteur champion mettant en œuvre l'agroforesterie cacaoyère en Côte d'Ivoire, et Apollinaire Oussou Lio, Président de Grabe Bénin, sur ces thématiques. Nous vous proposons ici une courte rétrospective instructive, offrant un aperçu de ces échanges pour vous mettre au cœur de ce Trialogue.

Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
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Diversité culturelle et Diversité biologique : un entrelacement essentiel du rapport que les humains tissent avec le vivant
Il n’est pas envisageable de conserver la biodiversité en s’appuyant sur une conception unique des relations au vivant, étrangère aux territoires locaux et déracinée du vécu et des savoirs partagés par les habitants.
« Nous avons noté surtout dans les derniers 30 ans, la relation importante entre la diversité linguistique et la question de la biodiversité, donc la diversité biologique. Cela s’exprime aussi par la capacité des communautés à trouver un point d'entrée dans les systèmes vivants, et à établir un mode de vie durable avec. »
Nous le comprenons donc, chaque communauté, groupe et société, quelle que soit son échelle et le milieu dans lequel elle évolue, s’adapte, vit et interagit avec la biodiversité locale, laquelle enrichit leur référentiel culturel.
Diversité culturelle et Diversité biologique : un entrelacement essentiel du rapport que les humains tissent avec le vivant

Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
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Il n’est pas envisageable de conserver la biodiversité en s’appuyant sur une conception unique des relations au vivant, étrangère aux territoires locaux et déracinée du vécu et des savoirs partagés par les habitants.
« Nous avons noté surtout dans les derniers 30 ans, la relation importante entre la diversité linguistique et la question de la biodiversité, donc la diversité biologique. Cela s’exprime aussi par la capacité des communautés à trouver un point d'entrée dans les systèmes vivants, et à établir un mode de vie durable avec. »
Nous le comprenons donc, chaque communauté, groupe et société, quelle que soit son échelle et le milieu dans lequel elle évolue, s’adapte, vit et interagit avec la biodiversité locale, laquelle enrichit leur référentiel culturel.
Écoutons le partage d’expérience d’Apollinaire, à propos de la forêt sacrée comme école de la biodiversité, mais aussi en tant que lieu de vie et de transmission pour la communauté.
Extrait filmé du panel de discussion entre N'Koh et Apollinaire
La parole d’Apollinaire en témoigne : la relation entre la diversité biologique, le caractère sacré des espèces et la mémoire collective des communautés est constitutive de la vie, de la culture et de l’histoire de sa communauté.
Écoutons le partage d’expérience d’Apollinaire, à propos de la forêt sacrée comme école de la biodiversité, mais aussi en tant que lieu de vie et de transmission pour la communauté.
La parole d’Apollinaire en témoigne : la relation entre la diversité biologique, le caractère sacré des espèces et la mémoire collective des communautés est constitutive de la vie, de la culture et de l’histoire de sa communauté.
Extrait filmé du panel de discussion entre N'Koh et Apollinaire
« La sacralité des espèces, que ce soit à la fois animale ou végétale, constitue pour le peuple autochtone la base de vie parce que ce sont ces espèces qui racontent le mieux notre histoire. (…) Chez nous, on vous raconte l'histoire des bravoures de vos ancêtres, tout en s'appuyant souvent sur des animaux qui existaient. »

Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
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« Détentrices de pratiques agricoles et de savoirs traditionnels transmis de génération en génération, les femmes apportent des solutions innovantes et adaptées aux contextes locaux, qui combinent tradition et modernité dans une gestion durable des ressources. »
Synergie des parties prenantes : enjeu de la synergie entre science conventionnelle, communautés de praticiens et Sagesse autochtones
Au fil des générations, les peuples autochtones ont développé des systèmes de savoirs divers et complexes qui leur permettent d’observer et de suivre les changements d’espèces, les tendances de la biodiversité et les impacts climatiques. Leurs systèmes de savoirs holistiques considèrent le climat et la biodiversité comme un système interactif, offrant des informations et des enseignements qui complètent la science conventionnelle. Ces savoirs apportent d’importants éclairages dans les processus d’observation des changements environnementaux. Ils constituent ce que chercheuse précédemment membre de l’United Nations University, Kristy Galloway McLean, appelle « la garde avancée » de la planète face à la crise climatique et de la biodiversité sans precedent.
Dr. Soumah Mafoudia de l'Université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, Côte d'Ivoire, a noté que dans leur projet d'agroforesterie de cacao biologique à Azaguié, l'expérience a montré que les perspectives des femmes sont essentielles pour renforcer le dialogue entre la science et les savoirs autochtones.
Dr. Mafoudia explique que leur créativité et leur capacité d'adaptation ont favorisé des approches à la fois pratiques et tournées vers l’avenir, permettant ainsi aux méthodes de gestion durable de prospérer. En partageant activement ces savoirs avec les jeunes générations, elles assurent la continuité des pratiques agroforestières. Selon elle, l’intégration de ces voix renforce non seulement la durabilité des ressources, mais encourage aussi une approche plus inclusive dans la prise de décisions.
Synergie des parties prenantes : enjeu de la synergie entre science conventionnelle, communautés de praticiens et Sagesse autochtones
Au fil des générations, les peuples autochtones ont développé des systèmes de savoirs divers et complexes qui leur permettent d’observer et de suivre les changements d’espèces, les tendances de la biodiversité et les impacts climatiques. Leurs systèmes de savoirs holistiques considèrent le climat et la biodiversité comme un système interactif, offrant des informations et des enseignements qui complètent la science conventionnelle. Ces savoirs apportent d’importants éclairages dans les processus d’observation des changements environnementaux. Ils constituent ce que chercheuse précédemment membre de l’United Nations University, Kristy Galloway McLean, appelle « la garde avancée » de la planète face à la crise climatique et de la biodiversité sans precedent.

Photo gracieusement fournie par Nigel Crawhall de l'UNESCO
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Dr. Soumah Mafoudia de l'Université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, Côte d'Ivoire, a noté que dans leur projet d'agroforesterie de cacao biologique à Azaguié, l'expérience a montré que les perspectives des femmes sont essentielles pour renforcer le dialogue entre la science et les savoirs autochtones.
Dr. Mafoudia explique que leur créativité et leur capacité d'adaptation ont favorisé des approches à la fois pratiques et tournées vers l’avenir, permettant ainsi aux méthodes de gestion durable de prospérer. En partageant activement ces savoirs avec les jeunes générations, elles assurent la continuité des pratiques agroforestières. Selon elle, l’intégration de ces voix renforce non seulement la durabilité des ressources, mais encourage aussi une approche plus inclusive dans la prise de décisions.
« Détentrices de pratiques agricoles et de savoirs traditionnels transmis de génération en génération, les femmes apportent des solutions innovantes et adaptées aux contextes locaux, qui combinent tradition et modernité dans une gestion durable des ressources. »
Dans son interview à Radio Génération, Apollinaire souligne l’importance de la synergie entre les formes de savoirs plurielles. Une synergie inclusive des savoirs ancrés dans le territoire et nourris par l’expérience du milieu, permettant de pallier aux limites des connaissances écologiques scientifiques.
Extrait filmé de l'entretien avec Apollinaire réalisé par Radio Génération, Côte d'Ivoire
Concernant la synergie entre la science et les praticiens -les connaissances de terrain- N’Koh explique comment l’expérience empirique des terres paysannes et les savoirs pratiques qui en découlent sont tout aussi pertinents que les données obtenues par les observations précises des technologies adaptées.
« Aujourd'hui, j'ai des dataloguers, j'ai des instruments de mesure à la plantation, on est en train de mettre en place une station de micro-climatologie. Mais quand je veux faire des applications, le paysan me dit « attention, aujourd'hui, il y aura la pluie ». Et je lui dis « mais comment ? » et il me donne les éléments qui vont conforter ce que les météorologues vont dire par la suite. Tout cela, parce qu'on n'a pas attendu, le monde existe, ça fait 4 milliards d'années. Les gens ont acquis une experience. »
Dès lors, il est essentiel de reconnaître l’importance du dialogue entre toutes les parties concernées, notamment sur les problématiques environnementales telles que celles soulevées par l’évaluation de l'IPBES sur les espèces exotiques envahissantes et de la lutte contre leur prolifération. Mais il est encore plus primordial de soutenir et de favoriser un travail de co-création des savoirs et de cogestion adaptative ancré dans la réalité locale : c'est là l'objectif central de ce Trialogue.
« Dès maintenant la sonnette d’alarme a été tirée, il est temps que les décideurs, les scientifiques, et les paysans ou les pratiquants accordent leurs violons pour que nous essayions d’endiguer ce phénomène d’espèces envahissantes »
Dans son interview à Radio Génération, Apollinaire souligne l’importance de la synergie entre les formes de savoirs plurielles. Une synergie inclusive des savoirs ancrés dans le territoire et nourris par l’expérience du milieu, permettant de pallier aux limites des connaissances écologiques scientifiques.
Concernant la synergie entre la science et les praticiens -les connaissances de terrain- N’Koh explique comment l’expérience empirique des terres paysannes et les savoirs pratiques qui en découlent sont tout aussi pertinents que les données obtenues par les observations précises des technologies adaptées.
« Aujourd'hui, j'ai des dataloguers, j'ai des instruments de mesure à la plantation, on est en train de mettre en place une station de micro-climatologie. Mais quand je veux faire des applications, le paysan me dit « attention, aujourd'hui, il y aura la pluie ». Et je lui dis « mais comment ? » et il me donne les éléments qui vont conforter ce que les météorologues vont dire par la suite. Tout cela, parce qu'on n'a pas attendu, le monde existe, ça fait 4 milliards d'années. Les gens ont acquis une experience. »
Extrait filmé de l'entretien avec Apollinaire réalisé par Radio Génération, Côte d'Ivoire
Dès lors, il est essentiel de reconnaître l’importance du dialogue entre toutes les parties concernées, notamment sur les problématiques environnementales telles que celles soulevées par l’évaluation de l'IPBES sur les espèces exotiques envahissantes et de la lutte contre leur prolifération. Mais il est encore plus primordial de soutenir et de favoriser un travail de co-création des savoirs et de cogestion adaptative ancré dans la réalité locale : c'est là l'objectif central de ce Trialogue.
« Dès maintenant la sonnette d’alarme a été tirée, il est temps que les décideurs, les scientifiques, et les paysans ou les pratiquants accordent leurs violons pour que nous essayions d’endiguer ce phénomène d’espèces envahissantes »